Et si Microsoft était rusé?

Dans les années 80, il était de bon ton d’onnir IBM; dans les années 90 Microsoft. Et dans les années 2000? Pas encore évident de prédire qui sera le prochain acteur sur lequel la vindicte geek puis populaire va se jeter. Trop d’acteurs sont en croissance exponentielle pour faire un vrai pronostic. Et même si Google reste le mieux placé, chacune des actions du géant donne encore plus envie de l’adorer (YouTube par exemple). Bon. Mais cette question n’est pas tout a fait innocente. En effet, récemment, avec l’annonce de l’accord Microsoft-Novell (vous prendrez bien un petit Suse…), le géant de Redmond se refait une virginité. J’ai bien une hypothèse sur le sujet, mais ça tient tellement de la théorie du complot… que je vais m’empresser de vous la donner!

MIB

Posons le décor. Microsoft essaie depuis le début de vendre des logiciels bureautiques tournant sur des OS maison. Et pour que cela ne s’arrête jamais, la firme les fait évoluer régulièrement. Toujours à la hausse, et ayant foi en la loi de Moore. William Gates III a failli rater internet, et tout ce petit monde rame encore pour rattraper le train, en étant quasiment en passe d’y arriver. Et puis le Web 2.0 pointe son nez. Là, pas de nouvelles technos, rien que du recyclage habile (mashups, ajax…), mais de nouveaux usages. Et en matière d’usages, Microsoft et toujours à la traine. Pourtant, il commençaient à rattraper le train, au moins sur le plan techno. Puis arrive Vista. Enfin, devrait arriver Vista. Avec la nécessaire anticipation de la loi de Moore. L’OS a besoin d’une puissance qui permettait à un porte-avion de fonctionner il y a vingt-ans, et ce, juste pour faire un peu de bureautique, écouter de la musique sous une nouvelle version de DRM, et regarder des films tout seul en bon geek. En gros, aucune des machines achetées par les grands comptes (clients avec beaucoup de PC, plein de sous et d’employés, et DSI haut de gamme) ne peut le faire tourner. Parce qu’il faut bien comprendre que les grands comptes, quand ils n’achètent pas par appel d’offre (public), font tout de même l’acquisition de machines plutôt milieu, voire bas de gamme, et que les constructeurs se débrouillent pour leur livrer des fins de séries, correspondant au cahier des charges, vu le tirage de prix vers le bas. Enfin, les DSI, on un peu de mal à sortir du trio [Wintel-PC de marque], ne serait-ce qu’en vertu de la loi de Jonas Hongway. Mais là, problème, Vista ne va tourner que sur une « formule 1″ hardware, gavée de ram, avec carte graphique THDG, le tout coutant les yeux de la tête, et dépassant largement les budgets des DSI, au moins en France. Microsoft serait donc en train de scier la branche… Parallèlement, avec Live, l’accord Suse, l’éventuelle compatibilité ODF, la quasi sanctification de l’open source (j’exagère un peu), une nouvelle offre, sortant du modèle traditionnel, et en train d’émerger, un peu grace à Ray Ozzie; mais tout le monde voit ça comme une pathétique tentative d’être présent sur un marché émergent rapidemment, très agité (au sens FNAC), et plein de promesses.

vista

Résumons: d’un côté, Vista, Office, qui tournent sur des machines qui n’existent qu’à peine et des DSI aux budgets anémiques avec des clients éternels beta-testeurs. De l’autre, une tentative (ridicule?) de concurrencer Google docs, la Zoho suite, et des usages en pleine constitution dans un monde d’UGC (user-generated content), ou le top-pack est la somme Wikipédia, Youtube et MySpace. Alors?

Et si Microsoft était rusé? Si Live, Suse, et probablement d’autres produits du même acabit étaient déjà dans les cartons, prêts à sortir? Ben oui. Le problème de Microsoft, c’est de vendre. Et actuellement, le travail est tellement bien fait, depuis tant d’années, que presque personne ne met en doute la fameuse trilogie. A part quelques administrations (70k postes sous Open Office à la Gendarmerie tout de même…), l’inertie au changement est absolue. Mais le vent commence à tourner (cf Gendarmerie), et l’offre de Microsoft inexistante sur ces marchés. En plus la techno a du mal à suivre ses dernières créations. Donc pour ne pas louper les marchés (comme IBM avec le PC), il faut avoir une offre. Microsoft ne vend pas de matériel (oui Zune et la xBox sont des jouets), et donc se moque bien des problèmes des constructeurs. En plus le premier fabricant de serveurs micros au monde, c’est quand même Google. Il faudrait donc proposer à nos DSI une solution alternative, hors investissement hardware, valorisée, pour qu’ils puissent s’affranchir de la loi de Jonas Hongway, en fournissant tout de même des services évolués. En justifiant le fait de se détourner de Vista (trop gourmand, trop cher), mais en restant Microsoft (Hongway…) et générateur de valeur (économies hardware).

Et si Vista était l’outil qui allait permettre à Microsoft
de détourner les DSI du poste de travail,
pour les orienter vers le CWR, cher à Louis Naugès?

Les DSI pourraient annoncer tous fiers leurs futures économies, et le recyclage de leur machines, en CWR sous Suse, chargés bien sûr d’IE, avec un accès à Live, et à tout un panel d’outils bien payants et indispensables en entreprise, sur des serveurs Microsoft, équipés des derniers processeurs de la firme… En voilà un modèle économique sympa!

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