Incroyable de constater comment, en France, dès que l’on touche à une corporation, à ses attributs, à son image, celle-ci se défend. Dans ce beau pays qui se défend justement de tout corporatisme.

Aussi loin que je me souvienne, des individus lambda (politiquogeekisme à la mode) ont cherché à en savoir plus sur un sujet donné que ce qui était officiel. Des experts d’un domaine on également souvent publié des informations peu connues, ou volontairement masquées aux fins d’information de l’opinion. Ces experts, souvent des experts métiers, ne sont pas des journalistes, au sens commun admis par les « vrais » journalistes (j’y viens, j’y viens). Ces individus lambda, qui faisaient également le métier que des journalistes auraient dû faire, n’en sont pas non plus.

Alors, c’est quoi un journaliste?

Bon.

Un blogueur, je sais ce que c’est.

Un journaliste, du coup, j’ai plus de mal. Pour moi, c’était quelqu’un qui écrivait dans un journal. Et puis j’ai lu la définition donnée par Bordas (sur un copyright de 1994): « personne dont la profession est de faire des enquêtes, des reportages ou de rédiger des articles, pour la presse écrite, radiophonique ou télévisée ». Faire des articles, mais pour la presse.

Donc, tout se résume à « presse », qui, de la même origine, est l’ »ensemble de toutes les publications périodiques et [les] organismes qui s’y rattachent ». En effet, si une personne fait des enquêtes, des reportages ou rédige des articles, mais pas pour la presse, il n’est pas journaliste. Grosse nuance!

Alors, la seconde question est: ou se placent les médias électroniques, et sont-ils de la presse?

La présence sur le net des grands organes de presse écrite, radiophonique ou télévisée, donne d’un coup de la consistance au support. Le net, c’est comme le papier, la radio ou la télé. Un support. On peut donc parler de presse « en ligne », de presse « du net », de « cyber » presse… je vous laisse choisir. Et comme dans la presse écrite, radiophonique ou télévisée, il existe des espaces spécifiques au support. Brève, éditorial, articles, petites annonces, faits divers (écrite), prime time, JT (télévision), interview (radio), sont autant d’espaces spécifiques à leurs supports respectifs. Pour le net, les supports sont, entre autres, les sites, les espaces collaboratifs, les blogs… et d’autres restent à inventer. Les médias électroniques, et leurs espaces, sont donc bien de la presse.

Résumons. Comment appeler quelqu’un:

• qui écrit des articles
• qui vérifie ses informations
• qui interroge des spécialistes pour être sur de ses propos
• qui les publie dans l’espace d’un support
• qui les publie de façon périodique, voire régulière

Eh oui, comment qualifier cette personne? En toute logique c’est un journaliste. Même si l’on remplace ci-dessus « l’espace d’un support » par « un blog ».

En France, une condition supplémentaire s’ajoute à l’AOC: la carte. Oui, la fameuse carte de presse. Blanc-seing de la corporation. Qui ne peut être délivrée qu’à un journaliste publiant dans un espace et sur un support appartenant à une société (sarl) de presse. Corollaire, on peut être un journaliste, sans avoir de carte de presse. Et forcément on ne peut pas avoir une carte de presse et ne pas être journaliste. Mais de nombreux journalistes s’accordent à dire que ce n’est pas la carte de presse qui fait le journaliste. Même, certains titulaires de la carte de presse ne seraient pas vraiment des journalistes.

Alors, avant, quand j’écrivais un article dans mon blog, en vérifiant mes sources, en consultant même des experts métiers pour être sûr de ne pas faire d’erreur, je faisais du journalisme sans le savoir. Maintenant, je vais en faire en le sachant. Mais je serais un journaliste sans carte de presse (SCP). Jusqu’au jour ou mes articles seront publiés dans l’espace d’un support appartenant, ou géré par une sarl de presse. ALors, je demanderais ma carte, pour être sûr de ce que je serais à ce moment précis.

Ridicule. J’avais mis dans le template de mon blog, comme une boutade, une médaille d’Albert Londres. Maintenant, cela prend du sens!

Alors pourquoi cette réticence des journalistes ACP d’ostraciser les journalistes SCP? Eh bien les premiers sont payés pour faire un boulot que les seconds font gratuitement. Des jaunes en quelques sorte.

Et ça, en France, ça passe toujours un peu mal.

Quand je lis « vous confondez « blogueur » et « citoyen-blogueur »… parmi les blogueurs, il y a le « simple » citoyen, le journaliste, le politique, le spécialiste dans tel ou tel domaine, etc. », je me gausse. C’est confondre métier, espace, support…

Alors la guerre serait ACP vs SCP? probablement. Il faudrait juste que les SCP se méfient, car comme l’analyse authueil, ça commence à chauffer. Versac l’évoque.

lire aussi:

• de 360 à 0 sur la carte de presse
• d’autres avis sur la liberté de la presse en général (non, je ne fais pas de politique): le premier, le second et le troisième
• et sur Diner’s Room le billet qui enfonce le clou, inquiétant au premier degré, excellent au second…

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Mots et expressions clés:

• journalistes vs blogueurs, journaliste vs blogueur, journalistes contre blogueurs, journaliste contre blogueur,

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This entry was posted on 2007/04/20 at 20:20. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. Both comments and pings are currently closed.

Posted in Axiomes & théories par Patrick, Maître Zen 1 Comment