déc 07
23
…et ce billet est destiné à poser les bases d’un mouvement de traduction systématique du québécois en français.
Le français est mondialement réputé pour ne pas être un grand féru de langues étrangères. Déjà, la moyenne nationale a du mal à maîtriser un français correct, alors une langue étrangère… Et pour parodier une réclame à la mode en ce moment: à l’étranger, ils parlent étranger, et comme moi je vis en France…
J’ai vécu au Canada. A Montréal. Mais depuis quelques jours, voire semaines, je suis excédé par un travers que de plus en plus d’éditeurs et de médias commencent à montrer: les textes, vidéos, et autres médias québécois, nous sont livrés tels quels, sous prétexte que les mots sont des mots français! Beau détournement de la loi Toubon! Il faut dire que le Québec nous a envoyé dans les années 80 un superbe cheval de Troie: ces chanteurs et chanteuses, talentueux, et plein de sens. Charlebois, Mylène Farmer, et les chanteuses à voix, sans oublier les coeurs de loups et autre Roch Voisine. Mais vu la crise ambiante en France, heureusement qu’ils étaient, et sont, toujours là.
Mais maintenant, STOP! J’ai acheté le livre No Logo de Naomi Klein, livre que je guignais depuis qu’il était sorti, mais que je considérais comme étant au dessus de mes moyens. La version poche actuelle, à 8 euros, me paraissait plus raisonnable. Et c’est un pavé de plus de 500 pages.
Un ami et confrère m’a également proposé son ouvrage collectif, écrit en grande partie par des québécois, et là aussi, sans enlever à l’extrème qualité des différents chapitres, une bonne partie des expressions me paraissent obscures. même dans le contexte.
Dans un monde 2.0 (World 2.0…), ou les écrits sont loins d’être de la littérature, ces textes linguistiquement mutants nous arrivent sans aucune précaution, sans aucun avis. Comme d’ailleurs certaines séries télévisées ou films en « français international », qui n’est rien d’autre que du québécois sans trop d’accent, souvent émaillé de « fuck » et autres termes locaux. Et ou tous les termes anglo-saxons qui survivent (souvent le nom d’une ville, rue, ou celle d’un personnage) sont prononcés avec un absolu accent texan. Donc forcément inaudible (« niouillok » pour New-York, « liroille madona » pour Leroy McDonald, « deubel beugeu » pour « double burger »…). En fait, plus vous avez appris l’anglais à l’école, et moins vous comprenez, parce que justement vous essayez de le faire…
Dans la plupart des reportages, ou des journaux télévisés, on sous-titre un réunionnais, ce que l’on n’oserait pas faire avec un étranger, un québécois ou un jeune de banlieue, pourtants souvent incompréhensibles. Ce n’est pas parce qu’un texte comporte plus de 90% de mots français, que c’est du français, ou qu’un français peut le comprendre!
Les français utilisent des termes anglo-saxons, qui perdent souvent leur sens premier, véhiculant ainsi leur propre imaginaire et leur propre univers en français. Alors que les versions québécoises sont parfois obscures, et très souvent de la version française équivalente. Et très intégristes en ce qui concerne la langue anglaise.
Voici donc ce que je ne veux plus voir, ou alors avec « VQ – version québécoise » sur la couverture:
- la finitude est créatrice de rareté
- vous êtes parti en affaire pour cette raison
- certaines « shops » ne sont pas allumées sur internet (ndla: les guillements sont d’origine…)
- l’industrie des hypothèques immobilières
- les nombreuses retombées d’affaires qu’engendre une présence web
- le contenu de mes mandats de consultation
- peu ou pas d’entrevues dans les journaux
- les machines de presse capables de mousser la popularité
- il présentait en ondes certains commentaires
- le célèbre site de réseautage social
- il reçoit des coups de fils de relationnistes
- la pratique carnetière sur le web
- il faudrait que les gens en reviennnent un peu de nos fautes (à propos d’imperfections littéraires…)
- exister en affaires
- googliser quelqu’un
- les gens d’affaires de demain
- votre blogue doit être en santé
- de nombreuses entreprises se sont fait mettre dans l’eau chaude
- la communication expérientielle
- une marque quintessentielle
- les clients les abandonnent pour les étalages d’aubaines
- les normes logomanes actuelles
- le marketing style de vie
- un groupe sélect de sociétés
- être intéressé à
Sans oublier les références musicales (tubes des hit-parades), commerciales (marques) et autres évènements très locaux et typiquement nord-américains! Tous éléments qui nécéssitent une note de l’éditeur ou du traducteur, pour permettre une compréhension pleine et entière. Un peu comme sont annotés les textes d’écrivains vraiment considérés comme étrangers.
A une époque ou la culture n’a plus vraiment de frontière, je veux que les produits québécois soient estampillés comme tels, afin de permettre un achat en connaissance de cause, un visionnage volontaire, une écoute avertie. Et pas le sentiment de s’être fait floué, devant un bien culturel incompréhensible, ou suffisemment compréhensible au point de ne même pas remarquer que l’on est en train de faire un contresens. Et ne nous laissons pas non plus dominer par le diktat de la loi 101. Je suis parfaitement conscient que la tâche ne va pas être simple, puisque même l’unesco utilise le mot « français » quand elle parle de « québécois »!
Si quelqu’un peut pondre un petit logo « VQ », mis ble-blanc-rouge, mis bleu-à-fleurs-de-lys, je l’affiche. Et bien sûr, l’incontournable groupe sur Facebook, auquel vous pouvez vous inscrire. Si on est nombreux, je vous promet de faire pression sur les acteurs du marché.
diverses autres lectures:
- un homme en colère parle de la loi 101, et 60 commentiares suivent
- le français standard vs le français international
- des éléments sur le dictionnaire québécois-français, et là on ne parle que de language courant, pas de language professionnel…
- la distinction clairement établie par les anglophones, qui, eux, font la différence
::
C’est un Barrabillet du Barrablog