avr 08
24
D’actualité…
Aux Modernes
Vous vivez lâchement, sans rêve, sans dessein,
Plus vieux, plus décrépits que la terre inféconde,
Châtrés dès le berceau par le siècle assasin
De toute Passion vigoureuse et profonde.
Votre cervelle est vide autant que votre sein,
Et vous avez souillé ce misérable monde
D’un sang si corrompu, d’un souffle si malsain,
Que la mort germe seule en cette boue immonde.
Hommes, tueurs de Dieux, les temps ne sont pas loin
Où, sur un grand tas d’or vautrés dans quelque coin,
Ayant rongé le sol nourricier jusqu’aux roches,
Ne sachant faire rien ni des jours ni des nuits,
Noyés dans le néant des suprêmes ennuis,
Vous mourrez bêtement en emplissant vos poches.
Ce petit poème, franchement d’actualité, a été publié pour la première fois le 30 novembre 1864. Pas par Nostradamus, tant il est prémonitoire, mais par un poète dont un portrait flatteur a été rédigé par Baudelaire pour l’ »anthologie des Poètes français » (1862).Un poète qui a remplacé Victor Hugo à l’académie française. Le même Victor Hugo qui avait voté deux fois pour lui lors de précédentes élections. Un homme dont Flaubert disait « je l’aime beaucoup pour son volume, pour son talent, pour ses aspirations ».
Ce poète, réunionnais, c’est Charles Lecomte de Lisle. Je l’ai rencontré la première fois sur les bancs du collège, au lycée Roland Garros du Tampon, ou l’on nous apprenait le splendide « Manchy », dont je me ferais peut-être echo ici. Un poète qui mériterait que l’on relise ses oeuvres. Bien difficiles à trouver d’ailleurs. Ces deux principaux recueils, les Poèmes Barbares et les Poèmes antiques sont disponibles chez Poésie Gallimard. Comme il est peu probable que votre libraire les aie en rayon, il vous faudra les commander. Mais avec les différents appendices, sur sa vie, les commentaires associés, cela vaut la peine d’attendre un peu!
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