sept 09
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Petits avis erronés et autres bétises
Nicolas Beau rédacteur en chef de Backchich déclare que l’enquête journalistique n’a pas de place sur le web car la vidéo de Brice Hortefeux est cent fois plus vue qu’une enquête de fond. Il reprend en cela les propos de plus en plus constatés dans les cercles du pouvoir, concernant la dangerosité d’un tel média.
En plus, comparer la vidéo de Brice Hortefeux et une enquête de fond, c’est un peu comparer Closer, Voici, Gala et le Monde Diplomatique. Les médias people sont nombreux, plébiscités par leurs lecteurs, et ils sont rentables. Le Monde Diplomatique est tout seul, plutôt dans la dêche si l’on considère les chiffres de publication comparés. En fait le problème est plutôt l’habitude que les lecteurs ont prise de ne plus avoir d’enquête approfondie, justement.
Dans une course effrénée au scoop, les différents médias ont habitués les lecteurs, auditeurs et [télé]spectateurs à une information instantanée. Recyclant en cela les dépêches AFP, en abusant de stagiaires qui dépouillait en masse cette information gratuite. Le premier retour de bâton fut l’arrivée des périodiques gratuits: 20Minutes, Metro, Sport et autres, circonscrits aux grandes métropoles, préservant encore quelque peu la PQR. Mais le média internet fait vraiment peur. Il est plus rapide que l’AFP, ou reprend plus vite les dépèches AFP que les médias « traditionnels ». Il créé même de nouvelles sources d’information, et de nouveaux modes d’usage. Voir Twitter.
Et pour tuer son chien, que doit-on faire? L’accuser d’avoir la rage. Les relations étroites entre médias traditionels et pouvoir sont de notoriété publique, détaillées dans de nombreux ouvrages qui fleurissent à chaque rentrée littéraire. Elles sont mêmes tellement imbriquées, que pour les journalistes, les sources d’informations sont les leaders d’opinion: politiques, artistes, capitaines d’industrie. Faute d’enquête sérieuse, les journalistes vouent aux gémonies le web, cet espace qu’ils ne contrôlent pas [encore], et sur lequel ils sont même suspects. En contribuant à conforter les leaders d’opinions pré-cités dans l’idée qu’ils sont sur la bonne voie en voulant réglementer le web, ils ne sont même pas conscients qu’il scient une branche sur laquelle ils commencent à peine à prendre place. Même l’écrivain et artiste Francis Lalane reconnaît: « Hadopi c’est le début du contrôle du web par le pouvoir. Le web est un trop grand espace de liberté ».
Ils devraient pourtant se méfier: nombreux sont les journalistes dits d’ »investigation » à n’avoir même pas lu la loi « hadopi », et à pleurer maintenant, après l’avoir soutenue becs et ongles, car l’article 132-35 permet à leur employeurs de ne plus les rémunérer sur l’usage multi-support de leurs activités. Et oui, Hadopi remet les choses à plat. Désormais, un patron de presse pourra utiliser toute contribution d’un journaliste, sans avoir à lui demander son accord, ni lui accorder d’autre rémunération. Il est trop tard pour se plaindre!
Dans une autre catégorie, j’ai déjà écrit ici un billet sur cette « pauvre américaine » qui a été condamnée pour avoir abusé sexuellement d’un mineur et voilà la communauté internationale, notre ministre de la culture en tête, qui excuse un VIP du cinéma qui a violé une fillette de 13 ans alors qu’il en avait 44, et fustige l’acte courageux de l’état Suisse d’avoir appliqué un mandat international.
Oui, Raymond Roman Liebling, plus connu sous le nom de Roman Polanski, est bien un pédophile, dans tous les sens du terme. Il a même reconnu en public son attirance pour les très jeunes filles. J’ai donc un peu de mal à comprendre pourquoi les médias, et les leaders d’opinion, font encore une fois feu de tout bois pour protéger un acte de pédophilie ordinaire, qui aurait envoyé en prison pour plusieurs dizaines d’années, et placardé sur un liste infamante le néfaste, s’il avait été moins célèbre.
Je me demande pourquoi on cite la victime, cette fillette de 13 ans aujourd’hui adulte et qui demande de tout arrêter, pour tenter d’empécher le bras de la justice de retomber? Pourquoi aucun média d’importance n’a encore sorti d’enquête de fond sur ce sujet, qui mobilise toute une intelligensia intellectuelle et artistique, un ministre de la république, des leaders politiques? Oui, pourquoi… La théorie du complot n’est pas loin.
Pour clore, je rappelle que l’une des chantres du copyright, la chanteuse Lily Allen c’est gravement fourvoyée dans le délit de viol de ce même copyright. Elle a fermé son blog, et mis fin à sa carrière. La bétise, ne peut pas être régulée.
Enfin, quelques brèves. J’ai pu assister à une manifestation, contre la suppression de postes de remplaçants dans l’éducation nationale! Étonnant non? Eh bien, oui, ces remplaçants sont nécessaires car l’absentéïsme est endémique et particulièrement développé dans cette belle institution. Pas autant qu’à la sécurité sociale, mais pas loin. Ne serait-il pas plus logique de se battre contre ce fameux absentéïsme? Je n’ai jamais vu aucune manifestation contre l’absentéisme proposée par les organismes syndicaux dans notre pays. Curieux.
J’en ai assez que les principales chaines de télévision françaises diffusent les épisodes de séries américaines en dépis du bon sens, ou justement sans aucun sens. Sans afficher le numéro des épisodes et celui de la saison. Le C.S.A., devrait édicter quelques règles simples pour les chaines de télévision: respect absolu des horaires donnés dans les grilles, affichage des saisons et des épisodes des séries télévisées, surtout américaines, respect des programmes transmis aux journaux spécialisés, et information quand l’épisode est censuré, comme TF1 le fait souvent. En bref, plein d’éléments utiles pour les téléspectateurs. C’est pas gagné.
Dernière chose: le crowd-sourcing. Définition de Wikipedia: « calqué sur l’outsourcing, qui consiste à faire réaliser en sous-traitance, donc externaliser des tâches qui ne sont pas du métier fondamental de l’entreprise, le crowdsourcing consiste à utiliser la créativité, l’intelligence et le savoir-faire d’un grand nombre d’internautes, et ce, au moindre coût ». C’est une bonne idée, globalement utilisée est acceptée par le plus grand nombre des internautes actifs. Même par moi. Mais un effet induit pervers est en train d’apparaître. Le « juste suffisant ». Ainsi, un nombre d’entreprise de plus en plus grand se contente de ce que peut fournir une prestation d’origine « crowd-sourcing », plutôt que de tendre vers l’exigence de la production que peut proposer un professionnel. Du coup, un grand nombre de producteurs du web, graphistes, développeurs, créatifs, intégrateurs, professionels, ayant des charges de professionnels (urssaf, assurances, impôts et autres taxes, loyers…) se trouvent en concurrence avec des amateurs, même de grande qualité, qui eux s’en affranchissent. Le crowd-sourcing est en train de devenir en France un marché noir du service web.
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