avr 10
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Un nuage islandais. Des compagnies aériennes qui s’emploient à aider leurs clients. Toutes les compagnies? Et non! Pas toutes.
L’île de la Réunion est un département français. Aussi loin que l’on regarde, l’aviation commerciale y est représentée par Air France. Qui n’a jamais assuré une véritable et décente « continuité territoriale ». Et qui a toujours mis l’Île sous coupe réglée.
La meilleure preuve? Dans les années 80, lassés par tant de mauvaise foi commerciale, et par l’attitude hautaine de la compagnie, les élus locaux ont créé leur propre compagnie, pour assurer une continuité territoriale plus juste, et pour permettre le désenclavement de l’Île et des réunionnais. Et dans les semaines qui ont suivies cette création, comme par magie, le prix des billets d’avions Air France, la compagnie nationale comme on l’appelle à la Réunion, ce fameux prix si exorbitant qu’il était réservé à quelques privilégiés locaux (très souvent fonctionnaires du « pouvoir central »), et touristes français métropolitains, oui ce prix des billets d’Air France a été réduit de moitié!
Une explication? Que nenni! Tout au plus une petite information, précisant qu’Air France avait trouvé des foyers d’économie, et qu’elle les avait appliqués. Heureux hasard.
Alors que depuis des années, elle mettait l’île en coupe réglée, et que le km Paris/New-York coutait moins cher que le km Paris-Réunion. Pour ceux dont la mémoire en francs serait encore vive, le billet Paris-Réunion aller-retour était à plus de 10.000 francs, dans les années 70/80, une époque ou le salaire moyen atteignait péniblement le tiers de cette somme. Et impossible d’acheter un billet aller seul. L’aller-retour était obligatoire, sauf dérogation, et le prix de l’aller seul, destiné à ceux qui rentraient au pays, ou qui s’y installaient, sur justification, coutait à peine 10% moins cher que l’aller-retour.
Si les corses avaient appliqué ce principe avec leur compagnie aérienne ou leur compagnie de ferries, la Corse serait probablement le département français le plus riche du pays.
Quel rapport me direz-vous avec le volcan islandais? Et bien maintenant, 4 compagnies au moins desservent l’Île. Air France, toujours, Air Austral, Corsair, Air Mauritius.
Première remarque: pas la moindre intervention des pouvoirs publics (préfecture, élus locaux) avant lundi. Laissant ainsi les passagers en souffrance depuis 3 jours dans l’incertitude. Des dizaines de familles avec des enfants en bas age, des bébés, des centaines de personnes agées, le tout dans un aérogare surchauffé (c’est la fin de l’été à la Réunion au climat tropical), fermant le soir, et jetant les passagers en instance sur le trottoir, sans véhicule, sans hébergement, sans nourriture. Et un manque de conscience sociale des hoteliers et restaurateurs réunionnais, qui à part quelques exceptions en ont profité pour faire jouer le tiroir caisse. Tu as de l’argent, tu t’en sort. Tu n’en as pas, tu dors « sur l’bord d’chemin » comme on dit localement. Bel exemple de solidarité nationale et d’égalité devant l’adversité, dans un pays qui affiche ces deux valeurs cardinales, bien haut à la face des autres pays du monde.
Le volcan islandais a en effet laissé depuis vendredi, sur le carreau de l’aéroport, plusieurs milliers de voyageurs. Heureusement, le lundi arrivant, les entreprises recommencent leur activité. Et là, on constate deux traitements.
Le premier, symbolisé par la gestion de crise d’Air Austral: un service d’appel renforcé, des agents présents sur le terrain, dans l’aéroport, la mise en place d’un plan d’urgence, intégrant des rotations aériennes supplémentaires dès que les avions pourront voler à nouveau, pour évacuer le surplus de passagers, et assurer en parallèle les vols réguliers. Et une information régulière vers les professionnels (agence de voyage). Bref, chez Air AUstral et dans les compagnies aériennes locales,on abandonne pas ses passagers, et on mouille sa chemise.
Le second, celui d’Air France. Pas de réponse sur leurs numéros d’appels, même d’urgence. Pas d’informations vers les professionnels. Pas de présence sur le terrain. Jusqu’à hier. Hier, ou la directrice d’Air France, Bénédicte Pellerin, a affirmé, mentant ainsi avec un aplomb formidable, que la compagnie avait fait le maximum et que le retard serait résorbé en utilisant les quelques places non occupées sur les vols réguliers. Ce qui si mes calculs et si mes informations sont bons, permettrait aux derniers passagers en souffrance de pouvoir rentrer chez eux la seconde semaine de mai. En ayant attendu plus de quatre semaines sur place! Bénédicte Pellerin n’a visiblement pas non plus de conscience sociale. Ni de compassion. Elle aurait due être présente, dès le début de la crise, comme le dirigeant d’Air Austral, pour prouver son engagement. Que va t’elle répondre à ça? Qu’elle obéï aux ordres de sa hiérarchie, et qu’elle a les mains liées? Depuis Vichy, cet argument n’est plus recevable.
Il reste en effet plus de 2000 passagers, quasiment tous d’Air France, abandonnés dans l’Île. Sans support, sans information. La compagnie n’a pas affreté un seul avion pour résorber son retard, et continue à vendre des billets, assurant ainsi le quotidien, sans gérer ses passagers abandonnés, ni leur proposer de solution. Air France, la compagnie qui vous abandonne quand vous avez des problèmes. Bien sûr, si vous avez plus de 900 euros à débourser (eh oui, les prix ont baissé, concurrence oblige), Air France vous trouve une place le jour même! Les membres d’Air France n’assurent même plus la gestion quotidienne sur place, laissant l’aéroport s’en charger. Peut-être qu’Air France attend son premier décès de passager…
Car Air France, en bon charognard de l’évènement, joue la montre. Il va y avoir un moment ou les passagers vont faire le calcul de prendre un billet d’avion plein tarif pour rentrer chez eux, plutôt que de continuer à essayer de survivre sur place. QUestion d’équilibre budgétaire.
Et Air France entend bien faire ce qu’elle fait depuis des années, c’est à dire faire payer les réunionnais, et leurs visiteurs, pour les pertes subies par ailleurs dans le monde, sur des trajets plus sensibles, comme les vols transcontinentaux.
Alors j’aimerais compatriotes réunionnais, que comme moi vous cessiez d’utiliser Air France. Je le fais depuis des années, quand c’est moi qui réserve mes billets. Et je fais même pression sur mon entreprise pour qu’elle privilégie d’autres compagnies. Utilisez le seul pouvoir que vous avez réellement. Le pouvoir économique du consommateur. Le seul que les grandes compagnies comprennent. Faites vivre les compagnies locales et régionales, les seules qui sont impliquées, les seules qui jouent leur rôle.
Les seules qui ne rackettent pas la Réunion. Et qui ne se considèrent pas comme des colons, propriétaires de l’Île et de ses habitants.
Air France l’a coque à nous, allons larguer Air France!
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Dernières nouvelles: excédés, les passagers d’Air France ont déclenché une mini-émeute hier, se sont attachés aux barrières de l’aérogare, et la Police en a evacué une partie avec force. Devant leurs familles, et devant les enfants présents depuis des jours sur place. Finalement, une petite délégation de passagers d’Air France, abandonnés par la compagnie qui continue à faire partir des vols réguliers et à vendre de nouveaux billets, a été reçue jusqu’à 23h hier soir par le préfet, dont le directeur de cabinet, Jean-François Moniotte est allé courageusement rencontrer les passagers abandonnés par Air France dans l’aérogare. Seul. Sans personne de la compagnie. Et toujours pas de nouvelles d’Air France. Qui s’est contenté de mettre un numéro d’ »urgence » non gratuit a disposition des passagers ce jour, soit plus de 8 jours après le début des problèmes!
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